mercredi 21 avril 2010

Abandon

L'AROME DE LA LUMIERE



j'écris à percer le néant,
mais il n'est pas impressionnable.
J'essaie de bercer les néons
d'assoupies haleines de lumière,
constellations que ma visualisation
cherche en éparpillant la prière
en inutiles élucidations
au chromatisme contestable
de la vérité dont les sommations
à devenir raisonnables
trahissent l'illumination
en un phénomène contrôlable.

L'élucidation ne fluidifie pas le givre de la nuit du cynisme.

Mes poumons, qui voudraient rendre son parfum à la lumière,
sont entraînés, par l'automatisme sans apnée du mouvement respiratoire,
à gondoler le papier peint dont viennent à se détacher des bulles
qui désemparent, lézardé, le rêve de ma "chambre en prière".

Mon âme est la proie de la vérité
qui viole les jardins secrets
et leur refus de la transparence,
et qui finissent par tout "balancer" par vengeance.

Les déprédations sans nombre de la vérité
déconcertent le désir
en un détournement paradoxalement salutaire
où c'est l'éternité qui est en manque de moi.

On a moins besoin de pouvoir
que de reconnaissance,
faute de laquelle obtenir,
on cherche à éblouir,
sans susciter l'admiration
qu'on n'avait pas sollicitée
parce qu'elle est de la passion
la plus vile des émotions :
on n'aime pas son étrangleur,
ni qui nous a fermé les yeux.

Comme on ne naît pas reconnu,
on ne sait pas conjuguer
l'innocence avec l'abondance.

L'instant de répit n'est pas long,
où la culpabilité s'emparant de moi,
ne massacre, avec mon innocence,
l'abondance qui, mise au ban,
m'établit dans la peur de l'abandon
qui me laisse sans voix
d'être condamné sans motif.

Assigné à résidence,
le silence s'ouvre en moi
comme un gouffre et
je ne sais plus comment rien dire.

Je me suis crocheté les bras en écharpe
avec les mailles du rachat.

Une lésion dans mon ossature
a percé l'impréhensibilité de mon corps
en unechair sensible jusqu'au sang
qui, marquée au fer de l'abandon qui l'incarcère,
attend l'abondance de je ne sais quelle délivrance..

Mais la densité dont l'abondance nous repaît
n'étant pas la quantité autorisée
à l'élan que je voulais prendre
sur le tremplin cérébral,
c'est que je n'avais su placer
le point du saut qualitatif.

Mon inconséquence originelle fut de n'avoir pas mis
la tête au fond du coeur.

Sans doute, mon ennemi intérieur, que je ne sais pas désaimer,
se rit-il à plaisir
de ce que j'aie mis la tête au fond du coeur,
et puis le coeur au fon d'un sac,
enfin le sac au fond d'une alvéole
pulmonaire remplie d'eau.

Mais je continue de rêver à ma chambre en prière
où je rends son parfum à la lumière,
et je palpite, imprescrit de prier si posément,
une clé de sol à ma portée
pour dénouer mes clefs de bras,
mais bénie soit la chaîne qui fait de moi
un chien attaché à sa Croix
tout écumant de chagrin enragé.

Je puise dans la mer l'haleine de la lumière
et j'épuise le sel qui rouille dans mes veines
en prenant empire du sens au fon d'une coloquinte.

Le monde n'est pas absurde à qui
en entend la raison au fond d'un coquillage.

J'ai posé un coquillage sur la table de ma chambre,
entre prière et dessin.

J'ai dessein d'être à la moitié du chemin,
depuis ses croisées que mon refus du choix ne fait qu'entrebâiller.

Je n'ai pas vue sur le large
et je ne dirai plus que je suis au bout du tunnel
tant que je n'en serai pas sorti,
ni n'aurai remonté la pente.

Ma conscience ne s'élancera plus, vectorielle,
pour faire dériver la vérité de mes inclinations,
à tomber du côté où je penche.

Je ne confondrai plus la densité avec une quantité,
je n'ai plus de "bon à d(en)ser",
mais je suis dans le ton de penser
que je ne suis plus à la croisée, mais à la moitié
du chemin,
entre l'origine dont je n'ai pas su arranger de lui manquer
et l'indication de la finalité qui n'est pas de moi non plus :

je n'ai que des rêves à formuler.
Les bulles de mon papier peint répandent mes obsessions obscènes
sur la toile cirée où j'ai posé les crustacés
de mon dîner à "la criée".

Quand je demande : "Ah bon ?" d'un petit air naïf,
ma bien-aimée dessine sur mon ventre
des soleils qui dansent autour de mes bras en écharpe.

Et moi, je sais que je suis un poisson assis sur un banc d'ombre.
J'ai empoisonné mon existence en la mettant au ban,
arguant que, puisqu'on ne respire plus qu'à la marge,
c'était ici que j'oeuvrerais,
dans l'ignorance de mes semblables et le "bonheur des pariats",
fermés à mon hermétisme
qui pense dans un cadre éculé.

Je me suis interdit de danser,
préférant me voir assis sur un banc d'ombre
qui m'a rendu amer à la lumière
et à la collation qu'elle donne de son corps
à la mer en une libation
dont la débauche de rayonnements
serait à même de rendre la chair substantielle,
si seulement la matière
savait se rendre liquide
et si la chair acceptait
de ne devenir que du sang
en s'asseyant sur son orgueil
d'avoir part au squelette.

Mais ma gestation a cru dans une substance,
puis j'ai renié l'amiotique
dans la mimétique du givre
en naissant, comme l'air devient liquide,
glacé dans l'équinoxe du sourire
de ma mère en paradis de moi,
qui suis déjà perdu pour elle
avant qu'elle ait trahi ma confiance.

Je suis né givré
comme l'air ne devient liquide
que quand il gelle.

Je suis né comme une élucidation du fluide glacial
par une raison qui m'a fait perdre la reptilité des petites formes.

J'ai gelé par instinct
pour soupirer en naissant
QUE LA CHAIR EST PLACEE
SOUS LE SIGNE DE L'ABANDON
et que c'est pourquoi les enfants se demandent
presque tous à un certain moment
s'ils n'ont pas été adoptés.

J'ai transmis ce message à l'air
qui a renvoyé en écho
la frénétique prise d'oreille
de ma première expiration.

J'ai répondu à l'absurde
en proférant dans mon premier cri
que l'abandon devait être
la première initiation.

J'abonde l'abandon sur le banc d'ombre
où j'ai appelé l'amour à comparaître.
Je me crois à couvert
de mettre l'amour en procès
et d'avoir sujet
de décliner ma créance
à l'accusatif.

Ma raison d'être devient question
et je verse mon grand "pourquoi"
à la Cause Universelle
qui ne me répond pas
par la résolution de l'énigme,
mais par l'infusion d'une expérience
intransmissible.

La toile cirée de mon papier peint
devient l'arche déchirée des chimères
sur laquelle mes bulles éclatent
comme l'atmosphère de ma cosmogonie,
où mes rêves m'ont fait rencontrer
bien des mondes qui n'existaient pas.

Les animaux irréels de mon arche
savent que je n'ai jamais peint la couleur de l'arôme
que dans le rêve éveillé
et dans le rai de lumière
ou dans le croissant de lune
qui tressaillent sous mon trait.

Des traits de mon visage
dont la page posée sur ma table
a saisi le négatif
trépassé sous la ligne bleue de l'horizon de l'air,
se torsadent des écailles
qui, comme autant d'émaux dans la nue de ma mue,
voudraient déposer l'abandon,
pactisant avec l'abondance,
conscientes qu'a bon dos ce qui ne peut faire bombance
des dragées de la joie.

Je veux dissoudre dans l'effervescence
tous les plaisirs que je me suis refusés.

L'aimantation de vivre
sous la bannière étoilée de la joie
s'est signalée à mon expérience
au-delà de mes préventions.

Sans parler du bonheur qui peut être durable,
le plaisir n'est pas solide,
mais La solidité est un leurre
compensé par l'iradiation.

L'assignation de la joie
ne change pas mes sentiments,
mais j'accède à chercher le trésor
en n'étant qu'à la moitié
du chemin de ma destinée,

où confluent l'origine et le but,
le désir et la satisfaction.
Comment serai-je à la croisée
si c'est moi qui suis le carrefour ?

Consolez-moi de n'être pas
"le feu central" surgi du noyau de la terre,
pourvu que je sois celui qui
transforme le désert en langage
quand, sous ma voix proliférante,
de ma poitrine, sort le Verbe.

Mon visage a été capturé
par mes rêves pour conjurer DIeu
de ne pas avoir frileusement peur
de S'abandonner au manque de moi.

Dieu S'est Abandonné à mon manque
pour que la chair s'abondance.
Dieu s'est Lié à mon incertitude
et je ne dénouerai pas les liens de Son echarpe.

Je ne parierai plus sur le désenchantement
de l'intransitivité.

Je peins avec la bouche une onde de vacance
tandis que les reins de la lumière
font vaciller la mer
de sac en ressac
dans du lait.

Dans le lit de la mer laiteuse,
s'est épurée mon amertume
et le sel a dévoré
mon sentiment de perdition.





Julien WEINZAEPFLEN

CE 5 avril 2009

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