mercredi 21 avril 2010

L'oeil

dans l'anse du bleu ciel des yeux,

le cil frémit, battant,

si long, si long

que quelque jour mon frère, m'allongeant sur la table,

me le coupa, le jugeant coupable,

le cil,

d'attendre de boire une larme.

Sous les cils coupables, couvercles de l'anse des yeux,

cavité,

est la bille oculaire,

coupe d'or

où la "bouche d'or" du Chrisostome vient plonger

pour boire à l'anse des yeux,

sous les cils relevés, défroncés,

la conditionalité de l'amour

à la réceptivité spongieuse

du pleur sur ce dont il a mal,

qui plus est le mal de l'Aimé

ou le mal que lui fait l'Aimé.

L'amour saigne de larmes et son sang est de l'eau,

l'amour n'asperge pas les environs de la blessure

d'un plasma démonstratif.

Longtemps avant que le cil ne soit la paille

qui ne cherche à se sustenter des larmes qu'il couvrait

comme l'inceste ne met au monde

que des enfants pour soi,

le "si", marqueur de la modalité conditionnelle,

avait "lancé" une question défiante à la divinité

sur la compatibilité de l'amour avec la condition

excepté que la soif et l'insatisfaction le soutiennent.

Or Dieu a intimé à l'amour la condition

qu'il n'y ait pas un bruit sous le ciel

que ne boive le cil, fermant battants

des portes de l 'oeil

sur le sommeil de parenthèse

qui antithèse la vie comme veille,

et veille du son

sous le signe du cil battant,

tant l'oeil, qui a fermé ses opercules,

a rendu l'oreille interne

muette comme une carpe.

Le silence comme neige bat l'oeil dans son blanc

et l'oeuf couvé de peur bruit Dieu

Qui, sans S'en battre l'Oeil,

sort de l'orbe et l'ombre sonore.

Dieu sortant de l'ombre intervient dans

la perception audiophanique de l'aveugle au mur,

lequel mur se fait entendre par une onde sonore mystérieuse,

onde inexplicable comme toute Epiphanie

et qui sert à l'aveugle de troisième oeil,

l'aidant à se guider dans l'inconnu.

cahin caha, l'aveugle va

tandis que , commotionné,

le silence sous tension, gros de glaucome,

locomotionne en tâtonnant,

péniblement vers tous les feux et lieux ou îles

où soit recherche de continence,

et de la continence de la condition

pourquoi Dieu nous intime

de rester dans l'intime

d'où Il ne sort pas,

mais de la veille du son lequel apparaissant,

c'est Dieu Qui se manifeste.

SON ET LUMIERE de Dieu

où Sa LUMIERE sombre dans notre condition,

dans le blanc de nos yeux battus en neige

et nappés de la crème anglaise de l'île flottante,

où l'île boit le flottement

dans la recherche de la continence de la condition du silence,

entre les barreaux thoraciques de la pensée-monastère, claustrale et sans lustre.

Le "handicap" est une épreuve pour athlètes par fonction.

Pour prendre une application de ce théorème dans la cécité

qui est une épreuve particulière,

le "cil" est un battant qui doit faire ses preuves

et, d'érémitisme musqué, muscler

la trépidation qui tente en tremblant

d'attraper en l'épiant

le pépiement du battement d'aile

de l'oiseau qui piaille :

c'est que le silence veut vibrer

et il n'y a pas jusqu'à la surdité qui ne danse

à la vibration désordonnée ;

le silence veut être une attente sensible du frémissement

qui doit le précéder et l'accompagner.

Ainsi le bruit du battement des ailes à contrevent

veut être emprisonné dans les semelles des yeux

pour qu'on ait des ailes aux pieds qui ont du corps.

Je suis sous l'aile de Dieu qui est en moi

comme une demoiselle derrière un paravent.

depuis que mon silence m'a donné des ailes à moi aussi,

Dieu veut me soulever.

Il enlève mes paupières à leur moignon,

mais la peau bientôt remet son voile

et les cils retourneront au bois

(les lauriers n'étant pas coupés)

de la condition qui boit les larmes de l'île.

Dans le naufrage qui s'annonce

de l'onde sonore du mur veillée à son insu par notre moteur,

les passagers des compagnies volantes ignorent, eux aussi,

préoccupés qu'ils sont par les bombes éventuelles

cachées par des terroristes qui n'agissent pas souvent,

qu'ils sont des passagers des nuages

et que souvent, ils viennent d'en traverser un

quand le bruit se fait cotonneux

sous la carlingue qui les déglingue

par d'accortes turbulences

qui sont les rapides en plein air

d'une eau qui fait ses jeux.

Nous planons dans un bain de nue motorisé

qui ne sait pas qu'il bat le beurre des nuages

comme Dieu nous baratte, en nous Embarqué,

dans nos voies navigables sondées

et ces fleuves de sang qui nous montent aux yeux

jusqu'à la confusion des cils et de la veille auditive.

La veille du son est un conflit dialectique

entre la vie qui serait veille

et celle dont le signifié est d'autant moins borné

qu'il est entre parenthèses.

Le signifié (dit inconscient)

est la synthèse seconde, après analyse associative,

d'éléments présynthétisés

que la langue des signes ne prétend pas interpréter.

La veille du son,

qui attend un synthétiseur

dont l'invention serait indépendante

de toute activité intellectuelle,

introduit,

par son conflit entre le "voir", l'"entendre"

et le "troisième oeil",

une confusion qui déséquilibre

l'ordre interne de nos oreilles internes

et nous tombons d'inanition,

mi-évanouis, mi-épanouis,

dans l'extase alarmante qui nous boit comme une larme

avant que les premiers bruits nous réveillent,

à l'étonnement de notre entendement.

Bus nous fûmes et dépouillés, larvaires,

parce que notre âme était dans l'inacquiesscement

à la condition du silence .

Dans l'extase nous nous plûmes

parce que la plume n'y était plus qu'un rameau

qui n'accroche notre âme et son navire à nulle ancre

que le rocher auquel n'a empêché de cogner notre tête

aucun gilet de sauvetage.

Comment le choc nous a-t-il hissés ?

et comment le silence commotionné

s'est-il entendu à faire

que la condition a bu le cil,

puis la larme dans le blanc des yeux,

que l'âme a bu la condition, s'est blanchie,

purifiée de ne plus rien attendre du silence

qui, comme il ne veille plus,

à la recherche d'un frémissement qui doit le précéder,

du coup le Verbe reçoit

dans la méditation qui ne pense plus

comme lorsqu'elle accompagnait la Création du monde

et son instant,

lorsque la prière n'était même pas pensée,

ce qu'être l'avait postérieurement libérée d'être attention :

mais que Dieu était Attention

et que cela le fit Parler du sujet de Son Attention

qu'était l'homme,

sujet nominatif

qui Le fit entrer dans la Parole et parler à propos

quand l'homme, parl a méditation, doit retourner au silence.

Au silence où l'attention précède la prière,

où la prière précède la pensée,

au silence qui précède l'attente

et submerge la disponibilité, bien

que, de ce silence, l'oeil soit le moule,

qui boit tout ce qui vient s'y tamiser

dans la larme qui le pleure

de façon que l'âme absorbe toute condition

et la trouve en continence...


Julien Weinzaepflen

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire