dans l'anse du bleu ciel des yeux,
le cil frémit, battant,
si long, si long
que quelque jour mon frère, m'allongeant sur la table,
me le coupa, le jugeant coupable,
le cil,
d'attendre de boire une larme.
Sous les cils coupables, couvercles de l'anse des yeux,
cavité,
est la bille oculaire,
coupe d'or
où la "bouche d'or" du Chrisostome vient plonger
pour boire à l'anse des yeux,
sous les cils relevés, défroncés,
la conditionalité de l'amour
à la réceptivité spongieuse
du pleur sur ce dont il a mal,
qui plus est le mal de l'Aimé
ou le mal que lui fait l'Aimé.
L'amour saigne de larmes et son sang est de l'eau,
l'amour n'asperge pas les environs de la blessure
d'un plasma démonstratif.
Longtemps avant que le cil ne soit la paille
qui ne cherche à se sustenter des larmes qu'il couvrait
comme l'inceste ne met au monde
que des enfants pour soi,
le "si", marqueur de la modalité conditionnelle,
avait "lancé" une question défiante à la divinité
sur la compatibilité de l'amour avec la condition
excepté que la soif et l'insatisfaction le soutiennent.
Or Dieu a intimé à l'amour la condition
qu'il n'y ait pas un bruit sous le ciel
que ne boive le cil, fermant battants
des portes de l 'oeil
sur le sommeil de parenthèse
qui antithèse la vie comme veille,
et veille du son
sous le signe du cil battant,
tant l'oeil, qui a fermé ses opercules,
a rendu l'oreille interne
muette comme une carpe.
Le silence comme neige bat l'oeil dans son blanc
et l'oeuf couvé de peur bruit Dieu
Qui, sans S'en battre l'Oeil,
sort de l'orbe et l'ombre sonore.
Dieu sortant de l'ombre intervient dans
la perception audiophanique de l'aveugle au mur,
lequel mur se fait entendre par une onde sonore mystérieuse,
onde inexplicable comme toute Epiphanie
et qui sert à l'aveugle de troisième oeil,
l'aidant à se guider dans l'inconnu.
cahin caha, l'aveugle va
tandis que , commotionné,
le silence sous tension, gros de glaucome,
locomotionne en tâtonnant,
péniblement vers tous les feux et lieux ou îles
où soit recherche de continence,
et de la continence de la condition
pourquoi Dieu nous intime
de rester dans l'intime
d'où Il ne sort pas,
mais de la veille du son lequel apparaissant,
c'est Dieu Qui se manifeste.
SON ET LUMIERE de Dieu
où Sa LUMIERE sombre dans notre condition,
dans le blanc de nos yeux battus en neige
et nappés de la crème anglaise de l'île flottante,
où l'île boit le flottement
dans la recherche de la continence de la condition du silence,
entre les barreaux thoraciques de la pensée-monastère, claustrale et sans lustre.
Le "handicap" est une épreuve pour athlètes par fonction.
Pour prendre une application de ce théorème dans la cécité
qui est une épreuve particulière,
le "cil" est un battant qui doit faire ses preuves
et, d'érémitisme musqué, muscler
la trépidation qui tente en tremblant
d'attraper en l'épiant
le pépiement du battement d'aile
de l'oiseau qui piaille :
c'est que le silence veut vibrer
et il n'y a pas jusqu'à la surdité qui ne danse
à la vibration désordonnée ;
le silence veut être une attente sensible du frémissement
qui doit le précéder et l'accompagner.
Ainsi le bruit du battement des ailes à contrevent
veut être emprisonné dans les semelles des yeux
pour qu'on ait des ailes aux pieds qui ont du corps.
Je suis sous l'aile de Dieu qui est en moi
comme une demoiselle derrière un paravent.
depuis que mon silence m'a donné des ailes à moi aussi,
Dieu veut me soulever.
Il enlève mes paupières à leur moignon,
mais la peau bientôt remet son voile
et les cils retourneront au bois
(les lauriers n'étant pas coupés)
de la condition qui boit les larmes de l'île.
Dans le naufrage qui s'annonce
de l'onde sonore du mur veillée à son insu par notre moteur,
les passagers des compagnies volantes ignorent, eux aussi,
préoccupés qu'ils sont par les bombes éventuelles
cachées par des terroristes qui n'agissent pas souvent,
qu'ils sont des passagers des nuages
et que souvent, ils viennent d'en traverser un
quand le bruit se fait cotonneux
sous la carlingue qui les déglingue
par d'accortes turbulences
qui sont les rapides en plein air
d'une eau qui fait ses jeux.
Nous planons dans un bain de nue motorisé
qui ne sait pas qu'il bat le beurre des nuages
comme Dieu nous baratte, en nous Embarqué,
dans nos voies navigables sondées
et ces fleuves de sang qui nous montent aux yeux
jusqu'à la confusion des cils et de la veille auditive.
La veille du son est un conflit dialectique
entre la vie qui serait veille
et celle dont le signifié est d'autant moins borné
qu'il est entre parenthèses.
Le signifié (dit inconscient)
est la synthèse seconde, après analyse associative,
d'éléments présynthétisés
que la langue des signes ne prétend pas interpréter.
La veille du son,
qui attend un synthétiseur
dont l'invention serait indépendante
de toute activité intellectuelle,
introduit,
par son conflit entre le "voir", l'"entendre"
et le "troisième oeil",
une confusion qui déséquilibre
l'ordre interne de nos oreilles internes
et nous tombons d'inanition,
mi-évanouis, mi-épanouis,
dans l'extase alarmante qui nous boit comme une larme
avant que les premiers bruits nous réveillent,
à l'étonnement de notre entendement.
Bus nous fûmes et dépouillés, larvaires,
parce que notre âme était dans l'inacquiesscement
à la condition du silence .
Dans l'extase nous nous plûmes
parce que la plume n'y était plus qu'un rameau
qui n'accroche notre âme et son navire à nulle ancre
que le rocher auquel n'a empêché de cogner notre tête
aucun gilet de sauvetage.
Comment le choc nous a-t-il hissés ?
et comment le silence commotionné
s'est-il entendu à faire
que la condition a bu le cil,
puis la larme dans le blanc des yeux,
que l'âme a bu la condition, s'est blanchie,
purifiée de ne plus rien attendre du silence
qui, comme il ne veille plus,
à la recherche d'un frémissement qui doit le précéder,
du coup le Verbe reçoit
dans la méditation qui ne pense plus
comme lorsqu'elle accompagnait la Création du monde
et son instant,
lorsque la prière n'était même pas pensée,
ce qu'être l'avait postérieurement libérée d'être attention :
mais que Dieu était Attention
et que cela le fit Parler du sujet de Son Attention
qu'était l'homme,
sujet nominatif
qui Le fit entrer dans la Parole et parler à propos
quand l'homme, parl a méditation, doit retourner au silence.
Au silence où l'attention précède la prière,
où la prière précède la pensée,
au silence qui précède l'attente
et submerge la disponibilité, bien
que, de ce silence, l'oeil soit le moule,
qui boit tout ce qui vient s'y tamiser
dans la larme qui le pleure
de façon que l'âme absorbe toute condition
Julien Weinzaepflen
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