samedi 17 avril 2010

AU TRES BAS

Tu es l'ivraie, je suis livré,
où est le vrai ? Tout est taché.
Tu trouble-fais, tout est péché,
tu t'enlianes, tout est mêlé,
et la vie n'est pas exceptée
si la vuivre est à ses côtés,
la bête au bon Marcel Aymé,
la bête à bon Dieu à côté...
D'abord l'amour n'est pas aimé,
il est bestial et pollué,
il vient de Dieu, toi le narguer.

Où est le vrai ? Tu veux parler ?
Là-dessus tu peux te brosser !
S'il est vrai que je suis livré,
j'irai pas me déshonorer
en prêtant à ta logorrhée
ma plume et pourquoi pas mes clefs !

Tu es libre et tu veux parler,
comme si toute vérité
était détenue, réservée
à tous beaux livres imprimés
alors que l'index est pointé
car ils ont dérobé la clef
de Connaissance suspectée ;

et comme si la liberté
était apanage sacré
qui fût souffert et préféré,
même à la sainte chasteté
spirituelle qui doit régner,
en étroite virginité,
sur tout corps qui veut se garder ;

et comme si, fourbe enfiévré
d'outrecuidance illimitée,
parce que tu es illuminé
et que tu es l'ombre portée
de l'Aube ainsi qu'on t'a nommé,
il fallait de là supposer
que tu fusses, sans chuchoter,
le Verbe, pourquoi se limiter ?
Cela n'est pas, c'est avéré,
ça t'empêche pas de pénétrer
dans la chair que t'as pétrifiée
ppus que le Verbe en s'Incarner,
n'a jamais pu la subjuguer.

Ça t'empêche pas... Je suis roulé :
Ce n'était pas encore assez
que je dusse te tutoyer !
Grappin, tu voulais t'immiscer
jusque sous ma plume lassée,
dans ma mièvre verve inspirée
pour venir me l'envenimer.

Qu'est-ce qui ne t'a pas nommé ?
Et qui te nomme, n'est-il pas vrai,
à toi, il se vend pour jamais !
Tu l'envahis, le mal est fait,
qui t'a nommé est possédé,
tout est inexorablement gâté,
inexorcisable à jamais !

Et je n'étais pas le premier,
moi qu'importe ! à te tutoyer,
Dieu Lui-même s'est laissé piéger :
ensemble on vous a vu jouer
aux cartes pour décider
du sort de Job, l'Abandonné.
dieu Lui-même, tu L'as tenté,
comment peux-tu ingurgiter,
vampire, tout le sang éhonté
que tes offenses t'ont mérité ?

Et si Dieu même t'a parlé,
où n'es-tu pas, fichu Mauvais,
que j'aille là-bas me cacher,
m'emmitoufler, me réfugier,
incognito, s'il se pouvait,
pour que le cauchemard soit passé
de mes mots que tu as hantés,
où je ne peux plus habiter.
je ne sais plus où demeurer
si tout t'a été découvert.

J'étais ivre de liberté,
mais l'ivresse, elle est condamnée
et la liberté surveillée.
Asile, mais si tout est miné,
je ne sais plus quoi espérer
ni si je pourrai échapper.

Julien Weinzaepflen

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