samedi 17 avril 2010

COMPASSION

A mon père à l'hôpital,
le pareil qui fut mon hôte
et dont je suis issu comme il me conçut.


Signe igné qui, en signet,
M'inédis et puis trépigne,
M'accuse d'un bel air niais,
Me redis, persiste et signe,

Signe entier qui, sans sentier
Battu, me fais gros et sensible
Au coeur inquiet ; plein de pitié,
Mais non jusqu'à devenir sa cible,

Ligne criblée, signe brisé
Qui, pour jouer les indignes,
M'incurve, canard lésé,
Ne doutant pas d'être insigne :

"A vos marques, prêts ? Partez !"
Ça claque en un signal sec :
"Faut me suivre ou me quitter,
A mon claquement de bec !"

Pourquoi me suis-je donné,
en tremblant comme un faux mec,
Tant de coups de foudre aux pieds,
Tant de provisions sans chèque ?

Ma tendresse s'est cendrée,
Je l'avais en miches pignes,
Ému de naïveté,
A pleurer sur vos poitrines.

Est-ce ainsi qu'on doit aimer,
En Minaudant, Saint-Jean choisi,
En Abelqui perd son aîné,
En préféré qui fait envie ?

Je n'ai rien fait que de pleurer
Sur mon sort bleu des marines
Que, charmeur, j'ai exposées,
Inconsolable de mine.

Et je n'ai rien désiré,
Sinon de serrer, sincère,
D'une affection maîtrisée,
La tendre main de mon père.

Moi qui me suis fait aimer,
Seigneur, tends mon bras infirme !
Je voudrais le remuer
Pour lui faire au moins ce signe.

Julien Weinzaepflen

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