samedi 17 avril 2010

DANSE AMERE

La feuille observe l'âtre où brûle le brasier
En des crépitations sans ultime chaleur ;
Se rapiècent les âmes au rythme d'un cahier
De révélations perdant de l'épaisseur.

Euridice se perd en une arrière-cour
Sans être sue du feu qu'elle ne peut pas voir ;
Une flaque de sang se souvient d'un amour
Qui se serait donné, condamné sans espoir.

Dans la satisfaction expire le désir.
Se bétonne le sexe en rut ce qui veut dire
Que l'attente comblée, on n'a plus rien à dire.

En chatte, la paresse à tout prix veut moisir :
A la longue allongée, vraiment ça fait plaisir
De griffonner l'effort au clavier du dormir !

Des pythies alcooliques en raclant leurs oracles
Sur les rives du Styx ont posé leurs valises,
Ternissant chaque jour un peu plus le miracle
Et de réputation le fils du vieil Anchise.

"Mon fils, puisque tu es d'humeur initiatique,
Viens, je vais te montrer ma galerie des morts ;
D'eux, tu t'inspireras : la guerre est le portique
Des atomes crochus dans le grand corps à corps."

En gargouillis éteints s'échange le langage
Dont le navire aphone emprunte le sillage
De la grimace qui soutient le commérage.

La gaieté se retient car sa réputation
Est de ne point porter à la méditation.
Le mouchoir est de mise en toute situation.

La France en a comm'ça de jolies souvenances
Que, sortant des latrines au café du commerce,
Racontent des gaillards au comble de jouvence
Odorante d'oubli de s'essuyer les fesses.

"Nos évêques éternuent, disent les intégristes,
Brûlants de charité, tenons-nous près leur morve
Pour les immuniser de nos bons soins fascistes
Sans leur scorbut athée attraper sous la robe."

Le missionnaire et moi, nous sortons de la boîte,
Vidés de n'avoir pas fait la moindre conquête.
Prosélite il était, moi j'avais le teint moite,
Les pendus sont au lit, la liberté muette.

Je ne veux pas finir par un couplet de troie :
Un pas de deux, je ne suis pas épique, moi !

Julien Weinzaepflen

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