samedi 17 avril 2010

AUTOMNALES

Ce n'est pas la pluie qui tombe, mais tes larmes
Qui peignent ton visage de douce compassion
A moins que de ta vie ne remontent les drames,
Les heures sombres et les ombres de l'affliction.

Ce ne sont pas les feuilles tombées qui font la trame
De ta vie, de l'automne, de l'automne de ta vie ;
Ce ne sont pas les feuilles tombées qui font la lame
De fond de ta douleur, de ta mélancolie,

Ce ne sont pas non plus tes rires qui nous charment,
Ou bien c'est en passant, mais où fondent nos coeurs,
C'est quand tu t'abandonnes à un beau pleur de femme,
Laissant aux mannequins la honte du malheur.



Ce n'est pas bien à nous d'être hommes qui se pâment
Dans le malheur d'Aimée dont nous comblons nos jours ;
Ce n'est pas bien à nous, la vie n'est pas un drame,
Pourvu que nous sachions la fasciner d'amour.

La joie n'est pas un caramel de pacotille,
Mais nous aimons la nuit et nos pleurs sont heureux,
Nous aimons que les filles avec nous soient gentilles
Et consolent en douceur nos âmes de plaigneux.



Ce n'est pas votre joie qui nous plaît, à vos larmes
Nous ne compatissons que par perversité ;
nuitamment sur vos joues perpétrant des alarmes,
Nous jouons à vous rendre heureuses et la beauté,

Nous la cherchons facile et nous disons la mort
Plus belle que la vie, plus belle que vos jours ;
Pour nous en imprégner, nous donnerions la mort
A qui nous voudrions plus belle que le jour.

Nous n'aimons pas la joie, repus de maléfices,
Pendus chaque matin à la sensible corde,
Et vous que nous immolons en sacrifice
A nos manies esthètes, aux folies qui nous porent...



Nous avons dévoyé notre goût jusqu'ici
Que quand pleure Harmonie notre intention n'est pas
D'ôter de son pied nu l'épine du souci,
Nous avons dévoyé notre goût jusque là

Que jamais vous ne nous voyez rien vous résoudre,
Nous sommes un problème et nous n'en souffrons pas :
Avec notre malaise et notre foutre en poudre,
Nous avons dévoyé notre goût jusque là

Que nous aimons l'automne, à nulle autre pareille
Pour pleurer sur nous-mêmes et nous rendre soldats
Dont l'héroïsme à la fin de chaque bouteille,
Verse une larme à l'oeil en hommage aux exploits.

Ce n'est pas nous mouillés qui fécondons la terre,
Mais votre patience à nous attendre, nous
Qui, si nous devenions vos amants et vos pères,
Caresserions vos joues sur nos tendres genoux.

Julien Weinzaepflen

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