OPACITE

La pierre ne fait pas de bruit,
Elle a le bruit qu'on lui donne,
Car la pierre ne s'abandonne
Qu'au sourd mystère qui l'a durcie.

La pierre fuit les rumeurs
Qui dévoilent les secrets,
Car la pierre est une craie
Marquée par leur profondeur.

et la pierre marque no pas,
Si on veut elle lle leur pardonne,
Mais elle ne les soupçonne
Pas plus qu'elle n'y trouve appât.

La pierre, on la jette à l'eau,
Et l'eau s'en agite, frissonne
Sans qu'aucun rebonds ne s'en donnent
a la pierre qui tombe à l'eau.

L'atmosphère près d'elle résonne
Sans que la pierre en dise un mot,
Car la pierre n'a que trop de mots
Qui s'y marquent sans qu'elle en sonne.

La pierre ne se veut pas caisse :
A d'autres, cette rondeur,
La pierre se demande : "Qu'est-ce
Qu'à la fin cette fureur

Qui croit refaire la fronde,
Mais la fronde, enfants, c'est moi !
Passez, refaites le monde,
Mais refaites-le sans moi.

La pierre veut rester aphone,
Indifférente à tout ça,
Car la pierre ne résout pas
Les questions de téléphone.

La pierre n'est pas du nacre
Où se réfléchit la mer ;
Impénétrable, elle sacre
L'esprit du refus calcaire.

la pierre ne résout rien,
Et la pierre se cramponne
Au milieu désaxé, atone,
du sol que rien ne soutient.

Et la pierre ne tient à rien,
La pierre ne tient à personne,
La pierre où rien ne bourgeonne,
La pierre se sent très bien.

La pierre ne fait pas de bruit,
Le bruit ne fait pas de bien,
Le bien ne l'a pas compris,
Mais la pierre, elle, n'y peut rien.

Julien Weinzaepflen