samedi 17 avril 2010

DESERT

Le friable est à terre et le silence au ciel
sablonneux. Je ne marche pas les yeux rivés,
mais l'oreille tendue vers cet horizon sonore.

Le soleil me chauffe les semelles
en s'abattant sur mon visage.
Je ne suis pas seul et je n'ai pas faim.
Pourtant je ne suis pas indifférent.
D'où vient que le désert produise sur moi,
non pas l'afflux du désir qu'à force d'ascèse,
il fait gonfler dans tous les autres coeurs,
mais cette étrange impression de lancinant piétinement,
où plus mon pas imprègne sa marque
sur le sol sillonné de mon progrès hypothétique
et moins je prie,
gracile extraverti dont les périgrinages
s'enlisent et s'infructuent
dans la promiscuité du compagnonage.
Je suis un raisonneur sans oraison.

Dans ma tête, j'ai les yeux levés vers des cimes
qui n'existent pas.
Est-ce bien le lieu de les chercher ici ?
Mon désert est inopportun.
Pour qui se prend mon orgueil
de ne jamais me laisser à cours de mots
et comme imperméable au murmure ?

Au soir de ma vie,
quand j'irai rendre des comptes à mon Père,
je crains qu'il ne me demande
(et je L'entends déjà me poser la question),
non pas : "Qu'as-tu fait de ta vie ?",
car pour ce qui est d'avoir marché, j'aurai marché.
Mais : "Pourquoi n'as-tu pas embrassé le non-dit ?
Pourquoi, sous couvert de parler parce que cela rend libre,
t'es-tu toujours tenu dans le mépris de l'indicible ?

Tu ne m'as pas connu, Moi Qui SUIS LE MURMURE.
Comment veux-tu qu'à Mon tour, Je te connaisse
puisque tu ne M'as jamais pardonné
d'avoir vécu comme je t'ai fait ?"

"Mais e n'ai rien à Te pardonner, Seigneur.
Tu Vois ? Je continue,
comme si je ne faisais pas d'efforts surhumain,
ou alors un effort pour ne pas vouloir,
juste celuilà,
comme si je ne voulais pas,
histoire que le monde ne se soulève pas.
Je n'ai rien à Te pardonner.

Pourtant je voudrais,
le ciel m'en est témoin!
Pourquoi donc, moi non plus, je ne peux pas ?
Pardonne-moi.

Est-ce un péché contre l'Esprit
qu'au terme de son examen de conscience,
de s'apercevoir qu'on n'a pas fait son fiat,
son adjornamento à sa forme conditionnelle
d'être matérialisé, prétendument aimé sans condition,
mais qui n'a de liberté que pour dire oui sans compromission,
gagnant des gallons
quand il creuse des sépultures de concessions.
Pourquoi est-ce que je ne peux pas remettre
dans Ton Silence
tout ce poids que j'ai sur le couer ?
Vraiment, pardonne-moi.

Suis-je en état de péché contre l'Esprit ?
Je T'en supplie, Seigneur.
Pour moi qui suis au supplice
de jouir de moi,
et dans l'inhibition d'en jouir sans silice,
fais que je ne sois pas tellement impardonnable
que je ne Te respire pas dès aujourd'hui,
fias que je ne sois pas dans ce péché,
ainsi soit-il,
Enfin peut-être.

Julien Weinzaepflen

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