samedi 17 avril 2010

ENFER PERSONNEL

Pierre intérieure où je m'ennuie
Au fond du silence oublié,
Quand je me coffre appesanti
A l'ombre d'un verrou tiré ;

Pierre antérieure où je m'enfuis
Dans ma solitude escarpée,
Quand à la faveur de la nuit,
S'évanouit mon printemps d'aimer ;

Pierre terreur où je m'oublie
Au fond du puits des isolés,
Dans le coeur-douleur où se plie
Ma tendresse en rêche âpreté;

Pierre inférieure où je m'anguille,
Poisson-bâton dur à pêcher :
A la capture du non-dit,
Je me suis toujours dérobé.

ierre angulaire Que je nie,
Qui a du mal à m'attirer,
Quand j'achoppe sous l'inouïe
Force chipie de mon péché.

Pierre-silexe, mon frottis
S'en va tout croûté ramasser,
Glânant des a posteriori,
Le vacillement déporté.

Pierre de taille et d'éboulis,
Je suis ravi d'être effondré
Tandis que des bons en croquis
Retendent en tente ma pensée.

Pierre de touche, dégourdies,
En moi se coursent des idées
Qui me laissent en angoisse, si
J'ai le droit d'Angoisse nommer.

Pierre d'attente, je l'ai dit,
je suis un homme révolté
Qui, sans monter nulle utopie,
Demeure à moi-même livré.

Grès des Vosges et pierre de cri,
Je laisse des sonorités
Dérouter ma géologie
De caverne gratte-papier.

Pierre ponce, je m'interdis
Comme un soigneur de vous passer
Sur le corps et par un écrit,
De rage vous contaminer.

Pierre de feu, Dieu, je Vous prie
De croire que sur mon bûcher,
Si je suis sauvé à ce prix,
Je ne peux pas en témoigner.

Julien Weinzaepflen

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire