mercredi 21 avril 2010

Les poufs

Pouf, pouf, c'est le souffle,

le souffle des patapoufs

à tuyaux embompointés,

pneumatiques et matelassés

qui, calés comme des bouées,

à plat sur les rivières pourpres,

navigue aux clapotis du canoë de bois flottant,

dans les craquements du bateau crêpé de chignons

et le crapotement des poitrines.

Pouf, pouf, patapouf,

c'est le souffle bronchitique

qui râle dans les cheminées éclectique

des chaumières ramonées, rabotées,

fumantes d'inhalations au charbon

des bouillottes où s'engelurent, époumonées,

les angines de poitrine mal soignées

des tubards

qui jouent du tuba

sous l'oeil goguenard devant ces hagards

des toubibs du ZAUBER BERG :

drôle de bois que prend la musique des orgues à tuyaux pour se chauffer,

et ça fait des grands hoques,

Monsieur Jumelle a de l'oedème pulmonaire.

Et ce souffle aspirant des dodus qui râlent sur leurs matelas à eau

dans la crève aquatique de l'agonie débutante,

sous le silence qui se refuse aux craquements du bateau-grenier,

c'est censé - alors que c'est le matou qui rentre dans sa cage,

le chat de gouttière ébroué qui grelotte et a pris le froid d'apoplexie -,

ce pneumatique à chevrons

qui fait avancer les automobiles à chevaux à l'ère des échappements carboniques, c'est censé

faire entrer en soi comme un plongeon dans son identité,

censée guérir dans la soldatesque Aspirante Grange Pulmonaire du BALCON EN FORET grave et gracq [1]

de la MOna-Lisa qui sourit pas, la Jocombe,

qui, "j'ai du bon tabac", sourit pas

quand, en quête de monade, j'ai fait le choix

de me caler emmuré contre le crépit du trottoir gras

où je me clochardise

sous prétexte de me reposer mieux qu'Eli au désert

et puiser de quoi annoncer des intempéries aux insensés...

Et Que le souffle, le pneumatique, le matelassé,

qui m'a fait préférer la sieste sur le trottoir des allongés

après la soupe à la grimace imposée,

arrosée du vin palmé des canards boiteux

qui vague à l'âment au chant du cygne,

sévère, ne donne pas de tuyaux

à qui s'est engoncé dans sa cage thoracique

au point de ne pouvoir respirer sans râler car il a peur des sentiments,

et c'est une émotion rouge qui agace, colère,

sa puissance lumineuse d'aimer la vérité

qui, enveloppée dans l'alternative dualiste

et tenant mal l'incarnation sur des jambes embarrassées

qui ne portent pas le corps avec leurs pieds froids,

y perd sa confiante ardeur,

mal entourée dans l'enfermement

où celui qui est entre les barreaux

n'est pas un oiseau,

mais un matou prédateur et prêt à tout

pour guetter en se léchant les babines, l'insensé,

le moment de laisser traîner ses dents longues sur le parquet rayé

pour piéger la souris qui crie

et qui, pourtant, sous l'oreiller,

venait mettre une pièce quand le chat perdait une dent,

mais le matou a soif et ce n'est pas le lait complet,

non le lait ne peut rien pour lui

du moment qu'il a une langue sirupeuse qui ne "traverse" pas bien "la vallée de la soif"

parce que "des chemins ne se sont pas ouverts dans son coeur" "dont Dieu (n')"est (pas) la force" [2]

et dont l'artère aorte l'avertit :

"si tu continues de ne pas ouvrir la porte pour l'amour de Dieu

à l'affection qui, "au clair de la lune",

"va et vient à la recherche" d'un dîner aux chandelles,

on va te couper la carotide, râleur,

et ton coeur physique se bouchera

après que tu auras entravé ton coeur pur

où peine l'"énergie heureuse"

à te procurer d'"éphémères éternités" [3].

Le souffle de l'éphémère ?

On entendrait une mouche voler ?

Ce qui vaut mieux qu'une louche vomir

entre les passages du Prinperran

dans l'oesophage qui trasche

tandis que soeur Régine

me donne de la Catalgine

contrindiquée pour l'estomac comme je fais une indigestion

et que ma mère, affolée

parce que je viens de dégueuler

dans le duplex, grimpe quatre à quatre

les marches de l'escalier

et s'étale dans mon vomi

de rêveur et de chasseur de mouches

dans mes trêves estivanes

près de la cheminée qu'était papa,

qui chauffait la maison du Gard qu'il avait achetée pour nos effets secondaires,

et où je n'étais pas à vomir,

quand j'attendais que les mouches sur mes bras se promenassent comme les filles

et me provoquassent jusqu'à c'que mort chatouillade s'ensuivît...

LES MOUCHES, les tiendrez-vous en repentance comme l'autre normalien, [4]

ou les oierez-vous dans l'eau de vaisselle où on a plongé LA TETE DE GILLES ?

Les excepterez-vous, comme Spinoza cruel,

de l'obligation morale où il se mettait

d'être bon comme dieu voyait la nature

au déni des mystiques,

et les verrez-vous comme le Père Dubois,

qui disait, mais pas tout seul, que les mouches,

les saints devaient les chasser

parce qu'elles bourdonnaient comme des tentations

sur les moustaches du chat

qui ne laisse rien passer

parce que ses oreilles ne sont sensibles que si on les touche

comme le souffle chauffe du feu

les maisons ramonées où on râle d'être appariés

sans se choisir au jour le jour ?

Le chat expectore, mais ce n'est pas comme Gaëtan

qui crachait du feu pour amuser les enfants

au cirque où le sien avait chopé l'homosexualité dès quatre ans

tandis que le souffle assimile la mouche,

au grand scandale des Saint-Patrick

qui trouvent que ce n'est pas très Irlandais de se faire chatouiller la cornemuse.

Mais n'est-il pas dans les attributs du pneuma de syncrétiser les abandons

dans l'éclairement de la nuit qui, plus longue elle est "rue des longues haies" [5],

plus elle "passe" en faisant que "l'inconnu"

se transforme en Bien-Aimé :

parce qu'on a stigmatisé le syncrétisme,

on l'a muselé et mis sur le compte du diable diviseur,

mais à quoi sert le souffle s'il ne transforme pas

les tuyaux en vases communiquant

de la télépathie operculaire des carpes qui,

dans le réveil des sens sous les chatouilles des mouches,

fait passer la nuit par les pertes et profits du rire

lequel, en fait de lumière, ranime comme un Beafteck

qu'on se jette au buffet de la gare.

Comme les orgues, les ogres ont leur buffet.

Je me souviens des piqûres dans le dos qui me faisaient affreusement mal.

Le dos symbolise le passé et,

si je fréquente les gares

en souvenir ou non de la maison,

ce n'est jamais sans porter, en fait de lourd bagage,

un volumineux sac à dos.

Un porteur :

"Voulez-vous que je le dépose à la consigne ?"

"Qu'est-ce que vous appelez Consigne ?

Un langage commun pour sourds

au moyen duquel Dieu ne se fait pas entendre ?

Prenez garde à l'"'" muet !"

"Je parle de la consigne antiterroriste

du purgatoire pour âmes à provisionner.

La SNCF de l'avare Achéron

est aussi sur ses gardes que les Américains.

N'avez-vous pas remarqué que depuis l'interdit de l'interdit,

on a bien cessé d'aller en enfer,

mais autrefois on allait tous au paradis,

maintenant on ira tous au purgatoire,

cette révolution des moeurs aura accouché d'une moindre terreur,

c'est une mutation sociologique à noter."

"Donc, vous voulez déposer mon sac au purgatoire ?"

"Comme ça, vous ne serez pas encombré.

La nostalgie ne vous pèsera pas."

"Mais c'est mon purgatoire à moi que de porter la nostalgie

et de sentir la pesanteur comme on sent le fagot,

à moi qui prie tous les soirs pour qu'on me garde mon coeur pur."

Donc ni enfer, ni nostalgie dans votre avenir ?"

"C'est que l'enfer d'Orphée, Monsieur,

est pour la nostalgie de son regard sur le retour."

"Très peu pour moi, merci,

de ce monde qui ne veut pas de la douleur du retour de Dieu [6].

C'est égal, je ne suis pas orphique,

laissez-moi mon sac, je ne veux pas de porteur."

"Pourtant il est si lourd, MONSIEUR."

"Donne-lui quand même la pièce", dit mon Père.

"Tout de même, tu ne pourras pas indéfiniment

coincer la vérité comme une alternatives dans ton dilemme d'inallègement

en coinçant la bulle

pour t'achever d''inachèvement."

"Est-ce moi qui ai voulu m'incarner ? Est-ce que j'aime la vie, moi ?"

"Ce n'est pas une raison pour ne pas donner de la fraîcheur à ta chair

ni une île de larmes au rocher de tes yeux.

"C'est ça, fais-moi la morale."

"La vie, la vie s'est manifestée,

je suis le dieu des épiphanies."

"Et c'est ainsi que l'Eglise a peur des apparitions..."

"Tu peux te gausser,

toi qui as peur de la fonction diacritique de la conscience tripersonnelle.

N'espère pas avoir terminé ta CHRONIQUE DE LA MONTAGNE [7]

avec l'Eglise qui aurait peur des apparitions "et c'est ainsi qu'Alah est grand",

sur une insurrection contre l'Eglise antimanifestationnaire.

Fil de fer de trottoir entortillé

au laminoir de ta torture mineure,

laisse l'esprit rendre droit ce qui est torve,

inscrire l'ombre de ta haine dans le tableau de tes traits de Justice

et redonner intelligence à ta PSYCHOLOGIE DEL A PEUR

qui râle d'aspirer et ne pouvoir sentir

que si tu te laisse inspirer SANS INTERVENIR.

Et la terre, écologiste, ne vomira pas ta médiumnité

comme je l'ai lévitisé

CAR Toute transcendante qu'elle est,

Ma Grâce n'est qu'"un organisme de la nature" "divine". [8]

Et si tu veux dessiller ton crâne

qui est "comme un diable au fond de sa boîte"

rendu cérébral

par les traumatismes de tes ophtalmies

qui t'ont rendu redoutable à Mes Clins,

ouvre tes yeux

et, pour preuve que je ne les raccornirai pas,

rappelle-toi, reçois en mémoire

comme j'ai béni la lumière

quand elle a lui dans l'usure,

et accordes du crédit quand tu expires

à ta génération spontanée.

C'est en elle que tu naîtras à l'inspiré,

qui ne gargouille dans le dodu de ton ventre-divan

que parce que tu n'aimes pas assez les pouffes-sofa

et le mal qu'elles te donnent

dans l'extension de leur intuition féminine,

et le mâle qu'elles t'ont fait,

et ces bébés extraits de leur ballon sauteur

qui, à peine expulsés,

expirent et râlent d'être sortis de couveuse.

Souffle, digère.

Tu n'as de fondement que pour couver

la nostalgige des jalousies que t'ont données les pouffes

et leurs oeufs de poule

au sortir de vos jeux de paume.

Tu n'as de fondement

que pour garder la confidence

dans l'arche perdue

du souvenir enfoui.


Julien Weinzaepflen

[1](Voir le roman éponyme de Julien gracq)

[2](se référer au psaume 83).

[3]Georges Moustaky)

[4](Sartre, auteur de la pièce éponyme)

[5](Chanson du Père Duval)

[6](Faire un rapport avec l'étymologie de la nostalgie comme "douleur du retour"

[7](voir Alexandre Vialat)

[8](Décalqué sur une définition de la Grâce donnée par l'abbé Christian Gouyot dans la revue "la NEF", selon laquelle définition LA Grâce est en substance (sic) "un travail organique" au sein de "la nature" par lequel dieu infuse sa Nature Divine", définition originale en ne croyant pas l'être, de ne plus affirmer, au détour d'un article trop rapidement rédigé sans doute par cette plume catholique de tradition, d'extraterritorialité entre la nature et la grâce.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire