mercredi 21 septembre 2011

Dans la cage de la censure

Dans ma vadrouille
En cabotage
Qui ne mouille
Que dans la cage
De la censure sang-sue,
J’attends que le ressac
De la houle
Me revienne
Et à la foule
De Carthage
Me ramène,
Qui ne m’a jamais connu…

Un inconnu comme tout le monde :
Je connais peu de monde,
Je connais peu le monde,
Cette bouée de l’homme perdu…

« Emporté par la foule
qui m’entraîne »,
ramené par la houle,
qui m’appelle ?

Personne…

« tu t’appelles ? »
« Non, rien.

Je m’appelle,
ça m’apaise… »

« Tu te baises,
Ce n’est pas toi qui t’es-
appelé,
ce sont tes parents qui t’ont donné le prénom qui t’a transmis
l’atavisme patronymique et les névroses matrimoniales
par voie matrilinéaire

mais aussi, c’est Dieu qui a exigé
que tu viennes au monde,
tout près de la ligne d’eau,
marquée par la bouée-flotille,
pour la quille,
faire bouillir la marmite
et que les affaires reprennent,
en sorte que, pour une bouche inutile à nourrir,
combien de travailleurs ?

Au moins cinquante millions de travailleurs
Pour un oisif utile
A nourrir
de concepts
Le monde qui n’en sait rien,
Le monde qui n’en peut mais-dire,
Qui n’appelle pas un chat
un chat,
Ni quelqu’un
Personne,
Mais quelque personne…


Dans l’évanouissement
De mon abîme
De noyé
Bien tassé
Qui boit les abysses
Et l’eau par le nez
A petits coups
Dipsomaniaques,
Eperdu d’égarement,
Je me rappelle…

« allô, pourquoi tu me rappelles pas ? »

Non, pas à l’extérieur,
C’est pas là que ça se passe…

Je crie après moi :
« a moi ! »,
je veux me retrouver,
mais je suis inconnu à mon propre appel.

Pourtant je sais que je ne suis pas interchangeable,
A peine modifiable
(déterminisme)
dans l’écoulement monotone
(dégât des eaux
usées)
des litanies
de mes abus
de langage
et des avis
de recherche
de mon identité
pleine d’écarts
et d’escarres,
comme s’il était d’importance
que l’on ait quoi ?
Un attribut… Phallique ?

Tout poème est la synthèse d’un état d’âme,
toujours le même.

A vrai dire,
Oui, cela importe quand même,
Qu’on en ait un,
D’attribut !
« A défaut de pennis »,
la femme ?

C’est pourquoi je m’appelle,
Transférant de l’érection à ma boîte crânienne
Mon voyage qui, s’il est immobile,
N’est pourtant pas masturbatoire,
Dans la rotation
Avide
De mon désir impubère
D’ascensionner vers l’autre
Sans l’alibi du Tout Autre,
En restant au « juste milieu »
de l’élévation,
Bien en équilibre…

C’est à défaut de le trouver que je transfère
Mon voyage érectile
Du déni de l’importance d’avoir un attribut phallique
A ma tête où tout s’estompe et se perd
De trop se nommer,
Où tout s’espère de ne pas se vivre,
Où tout s’exaspère d’être dans l’acerbe
Inépellement de l’appel
inépuisable
A l’autre…

Parce que dans la cage de la censure
Qui mouille de trouille
La chair capillaire,
L’ascenseur est bloqué,
Paniqué
Par la panne,

Dans l’attente inexpugnable
Du dépannage qui ne pourra
Arriver,

Parce que c’est une utopie,
d’arriver…
A récipicence et résorbtion.


Appel à être à peine à perdre haleine.
Mais, comme il y a des gens qui m’aiment,
Je ne réclame pas mon départ.


Dans la cage de la censure,
Je reste bloqué
Dans les clapotis p’tite-vadrouille
Qui font des voyages dans ma tête
Vers la terre promise du corps de l’autre,
Dans un désir outré d’inconvenance
et d’impudeur.

C’est pour avoir été inconvenant
Que je subis des déconvenues.

J’ai la religion de la fidélité
Moins à moi-même,
A ma parole
Que trans moi-même,
Malgré moi,
A qui je n’ai connu qu’à peine
Et effleuré du bord des lèvres,
Pour jamais,

Une seule fois,
ou pas même…

Fidélité trop plurielle,
En son amicalité,
Pour tout dépeupler
De manquer d’un seul être,

Moi qui ne suis pas unifié,
Ni assez généreux
Pour aimer uniquement,
Et sans me déplacer,

sans effet d’entraînement,
à faire bouger mes lignes
simple cible stagnante
renonçant à séduire…


Julien weinzaepflen

21 septembre 2011

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