lundi 4 juillet 2016
ÉVOLUTION
L’homme avance en oubliant
La maquette de ses angoisses,
le spectre de ses obsessions.
Il avance en s’enroulant
Sur lui-même, python offensif
De son modèle de progrès.
Il avance en remontant
La pénible gamme pentue
De son chromatisme émotionnel.
Il avance en s’enlisant
Parmi les embourbements
De son mutisme adverbial.
Il avance en pédalant
Dans la choucroute cycliste
De son inconvertibilité.
Il avance en distrayant
Les cadavres écrasés
De ses agonies antérieures.
Il avance en bananant
Les oranges exprimées
Dans ses déluges glissants.
Il avance en moulinant
Ses schémas répétitifs
Dans la moisson de l’usure.
Il avance en maugréant
Contre le pédigrée obèse
De son rêve sédentaire.
Il avance en ceinturant
Sa sécurité perdue
De banales protections divine.
Il avance en pilotant
Sa décomposition méthodique
Dans l’hypnose du lendemain.
Il avance en se croyant
Pourtant un et indivis
Comme un révolutionnaire.
Il avance en pactisant
Sa rétribution heureuse
Dans la destruction des victimes.
IL avance en inventant
Des épilogues joyeux
A ce noueux inventaire.
Il avance en déversant
Un soupçon de continuité
Dans la recette saladier.
Il avance en continuant
De tresser d’une boue tourbière
De ployantes couronnes d’épices.
Il en portera une en tête
S’il dépose, tributaire,
Son Triomphe à la corrosion.
Et il coiffera l’Esprit
Dans une dernière commotion,
Au milieu des paralysies.
Claude-Laurent SCHULTZ
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