À Nathalie VAN HOECKE, qui a
été pour moi pendant vingt ans l’incarnation de la bonté.
½Qui se souvient
de la bonté 2mûùØ××C:\WORDTEXT\NORMAL.STYLA BONTE
Qui se souvient
de la bonté, emportée
par ce monde de
bêtes rampantes
jusqu'à
l'abrevoir du chamelier
où il se met en
réserve ?
Le monde est en
transe de se réserver
contre la
libéralité
qu'il transforme
en libéralisme ;
les chameaux en
tremblant
trempent, la
croupe inclinée,
leurs naseaux
dans la coupe creusée
à même le sable
désolé
de l'oasis
où ils se
remplissent
la panse.
Les chameaux
pensent
pour avoir la
bosse de l'intelligence.
Les chameaux
boivent
aux quarantièmes
rugissants.
Les chameaux
piaffent, hennissent et ruent,
le dos chargé par
les nomades
d'affaires.
Les touaregs font
leur business dans le désert
tandis que,
lapant aux quarantièmes rugissants,
les chameaux
oublient d'apprendre à l'homme
comment devenir
un enfant. ()
Ils oublient
également
comment, d'eux,
peut perler de l'eau
que l'homme
pourrait continuer de boire
s'il n'avait pas
ce besoin de rugir,
ce que les
chameaux ne font pas
tandis que la
bonté s'assoupit (qui s'en souvient ?)
dans la nature
anesthésiée,
anémiée.
Qui se souvient
de la bonté, amnésiée
dans ce monde de
métastases
où le chameau
devient wagon accroché
à un train de
caravanier.
Bétonnées, les
villes
révellent le
désert en sursaut klaxonnant
tandis que les
cheminées des haleines des chameaux,
assemblés en
train pour l'import-export,
soufflent bitume
sur le silicium corrompu.
Les villes sont
le produit
de la nature
anesthésiée,
désobligée
d'avoir à se laisser
regarder de
travers et de biais,
dans le prisme
d'une écologie qui ne connaît d'herbe
que celles dont
on hallucine.
La nature devient
une "hallucination de la réalité" des villes ()
parce que le
désert a oublié de rugir,
emporté par le
côté segmentant de la sédimentation du sable en pierres,
carapaces contre
l'effritement
général de
l'armée des Touaregs
qui commercent
pour se donner du spectacle.
quand les chameaux
vont boire à l'abrevoir du chamelier,
le désert chante
une églogue marchande,
les chameaux
penchant leur tête
pour que leurs
naseaux plongent
aux coupes
naturelles
et qu'ils les
épuisent
sans modération
ni scrupule.
L'anesthésie de
la nature
a fait oublier
aux bêtes qu'elles rampaient
ainsi que, de
l'oubli des chameaux
de produire de
l'eau de préférence à se la réserver,
sont nés les
scrupules de l'enfant
perdant
contenance et confiance en soi
au milieu d'une
nature absorbée,
par l'effet d'une
dérive qui n'a rien de féérique,
dans le
détournement des fonctions
en activités
utilitaires,
l'homme devenant
force de travail
et les chameaux
ne chargeant pas,
ne contrattaquant
pas,
de ce qu'on les
charge de bagages
plutôt qu'ils ne
fassent ce qu'ils aiment,
qui est de donner
aux enfants le goût de se balancer
et de leur
apprendre qu'il ne faut pas se cambrer
sous le
manichéisme de la nature,
mais apprivoiser
la relativité
et non pas s'en
protéger
par peur de la
dualité
en laissant la sédimentation
nous segmenter
dans des villes
fortifiées contre le danger
obtenues,
violenté, par notre effort
qui choisit de
construire
plutôt que de
laisser courir !
Qui se souvient
de la bonté, balancée
dans des assauts
d'intelligence
où les chameaux
se remplissant la panse
de connaissances
pour en avoir la
bosse,
travaillent du
chapeau
que c'est la
bêtise
et non la bonté
qui peut seule
donner une idée de l'infini, ()
chameaux dont la
réserve va chanter ça à l'homme
qui en devient
conservateur.
"c'
est pas moi,
c'est ma soeur
Qu’a cassé la
machine à vapeur !
Il n'y a pas que
les caravaniers
qui cherchent
fortune, moi aussi
je descends de la
montagne en pyjama
parce que je me
suis endormi,
youpi aye, aye,
youpi youpi aye !"
Et je me suis
endormi,
perdant
conscience et connaissance,
parce que, par
degrés,
la peur
sédimentante a laissé s'oublier la bonté,
s'amenuiser,
s'anesthésier jusqu'à la laisser balancer,
l'infinie n'étant
plus en balance
dans notre nouvelle
épiphanie du mouvement.
Quand les
chameaux savaient marcher,
chaque primesaut
de leurs pas
permettait de
saisir l'alternative,
l'infini n'étant
une alternance
et ne se laissant
diviser de moitié
qu'afin que je le
saisisse et laisse à le penser
aux arêtes du
trottoir
des villes
punitives. ()
Il n'y a pas
d'"arrête" dans le désert,
ni dans le
bifteck de mon désir.
Je désire dire,
interroger :
"qui se
souvient de la bonté, amnistiée,
et pourquoi
n'est-ce plus à son aulne
qu'on prend les
mensurations de l'infini ?
Qui a laissé
finir la nature
au point que la
corruption
en vienne à
contrebalancer
la génération
dans le processus
évolutif
dont le paroxysme
est peut-être baroque,
mais n'est pas
individuel
puisque
l'individu est mortel,
à quoi le
préparent,
comme des
miniatures des réalités létales,
toutes les mises
entre parenthèses de ses anesthésies
dont inconsciente
est la roche
de s'agglomérer
pour se corrompre,
afin de ne pas
laisser s'écouler trop fluide
le sable évasif
qui n'est pas la
délation du temps." ()
L'individu rugit
d'être mortel
et arrêté
par les
parenthèses sédimentaires
d'une corruption
latente.
C'est pourquoi,
ne bringuebalant plus,
il ne sait plus
que choisir,
ou plutôt ce sont
ses séquences qui forment ses choix,
ou ses pensées,
ces dernières n’étant
que
les repères
d'une
"morale provisoire", ()
nécessité de la
contingence.
Pour former un
symbole,
il faut ramasser
du sable
et le lancer en
l'air
avec un bâton.
Ce sable
volatilisé forme un toit.
Ce toit inaugure
une demeure.
Cette demeure
étanche le besoin
de respirer en
certitude
sous les bâches
de la Foi.
Cette demeure
recrée l'air.
Ensuite, on
replace le bâton au centre de la terre
et, en le tenant
ferme dans sa main,
la rotation de la
terre
se communique à
nos bras
serrés contre le
plexus solaire.
La force des bras
est une
immobilité musculaire
contrastée par
l'énergie de la
rotation de la terre
qui fait palpiter
jusqu'aux toits
et nos têtes sousces
non moi.
Ces toits ne
s'écroulent pas
quand on les a
une fois lancés au vent
en symboles
insoumis
à la corruption
des avatars.
Le danger
n'ébranle pas
la force de
l'alternative.
Dans la nature
retrouvée
par l'enfant qui
tient le bâton,
le bâton
s'agitant à peine
sous le toit qui
tient tout seul
réveille chez
l'enfant
le sentiment de
la bonté
qui fait tourner
les têtes
des hommes,
chavirés par les chameaux
qui refusent
désormais
toute autre
charge qu'humaine.
La bonté n'est
plus recroquevillée,
mais se réveille
dans la nature
recouvrée
par les toits qui
tiennent tout seuls.
Les chameaux ont
charge d'hommes.
L'heure de midi,
avec les toits
pour parasol,
veut que l'homme
se lève
pour ne pas faire
mentir le sphynx
et qu'il prenne
le relais de l'enfant
pour tenir le
bâton.
A l'enfant,
l'homme demande :
"Qui se
souvient de la bonté, d'amitié ?"
Et l'enfant de
répondre :
"Ton rêve,
papa,
même si tu l'as
transformé en question."
Et l'homme ne
promet pas
à l'enfant
qu'il grandira
dans ce souvenir
inentamé
cependant que les
femmes acopinées
s'en vont
chercher,
à droite de la
bosse du chameau qui s'est couché,
la goutte d'eau
qui vient d'en perler
et dont chacun se
désaltère.
Une lampe torche
éclaire
faiblement
la maisonnée
s'étanchant
pour perdre
l'assèchement
de la langue.
LA MORT PLANE
AU-DESSUS DES SYMBOLES,
mais la bonté l'a
surplombée,
la parenthèse est
refermée
de la mort qui
est oubliée.
L'individu ne
rugit plus
parce qu'il n'a
plus le sentiment
d'être mortel.
La vérité est une
esthétique,
c'est le sentiment
qui fait foi.
De la bonté, naît
la beauté.
"La beauté
attire et la bonté retient",
me disait l'abbé
Itti,
rescapé de
tanboff.
"Je suis
rescapé de la vérité
qui est née de
mes sentiments,
et c'est la bonté
qui retient le
toit de s'éventer."
La beauté naît
sous le toit,
retenu par la
bonté
de se disloquer
au premier
souffle de vent
comme la maison
de Noufnouf,
l'aîné des
"TROIS PETITS COCHONS".
La bonté n'est
pas cochonne
et la beauté
érotisée
ne peut être
frappée d'interdit.
Ne dispersez pas
la vérité,
elle est
bouleversante !
L'impossible
écroulement du toit de sable
retenu par la
bonté
fait sortir la
beauté
du monde des
refoulements.
Le refoulement,
cet écroulement du désir,
n'a pas cours
dans un monde où
on ne choisit pas.
La non nécessité
de choisir ou de répondre
fait découler la
liberté
de
l'inamovibilité
du toit retenu
par la bonté,
et la liberté
s'épanouit
au voisinage de
la beauté
couvée par la
vérité.
La liberté
pénètre dans sa propre attirance,
en reconnaissant
qu'elle ne doit de copuler
avec la beauté ou
la vérité
qu'à la bonté qui
tient en laisse
la chaîne,
élancéée depuis ses jambes d'enfant couché
jusqu'au-dessus
des têtes,
en symbole
volatile et à tout instant menacé
de se volatiliser
si la bonté ne le
retenait pas
- la liberté
est un enfant -,
la seule chose
qui pourrait empêcher
la bonté d'avoir
prise
sur l'édifice de
sable
étant que la
liberté ne commette
le sacrilège de
l'inceste
sous le toit de
la maison,
ce qui aurait
pour effet immédiat
de faire
retourner ledit toit
au sable d'où il
vient,
tandis que la
bonté n'ayant plus rien à retenir,
n'aurait plu qu'à
s'assoupir à nouveau
et que le
sentiment de la bonté
renaîtrait des
constructions dont on se parerait
contre le danger.
La bonté
assouplit le toit
tandis que la
liberté
regarde la vérité
prendre
consistance,
sous une forme
artiste et belle,
de ce que fait la
bonté au-dessus d'elle.
La liberté
regarde
le toit se
balancer,
la beauté jouir
de ce balancement
et la vérité ne
tirer son existence
que du mouvement
de balancier
et des efforts
que fait la bonté
pour faire
revenir le toit,
en suivant ses
voltefaces,
au-dessus
desquelles elle s'est assise
pour les piloter.
La liberté
suspend son jugement
de ne regarder la
vérité
qu'exister
et tirer son
essence
de la
bonté-pilote
qui redonne
vacation à la nature
de dire :
"JE SUIS LA BONTE".
La nature
s'attribue la bonté qui la tient
et Dieu sourit de
S'y voir assimilé,
Qui soutient la
bonté retenant la nature.
Julien
WEINZAEPFLEN
30 AVRIL 2009
Allusion au
célèbre itinéraire pour devenir un homme proposé par Nietzsche dans
ZARATHOUSTRA et selon lequel il faut commencer par se mettre dans la peau du
chameau qui dit "OUI", puis passer par l'étape du lion qui dit
"NON" avant de devenir un enfant pour surmonter l'alternative et
dépasser la dialectique de l'acceptation ou du refus du monde et de la vie.
"Hallucination de la réalité" :
définition commune de la fiction célinienne au sens strict de laquelle,
notamment, les romans de Christine Angot
sont vraiment des romans, ni plus, ni moins que ceux de Céline, tout jugement
de valeur suspendu.
Les deux phrases les plus antihumanistes que
je connaisse sont :
"Seule, la
bêtise peut donner une idée de l'infini" d'Ernest Renan et :
"Il faut
être économe de son mépris étant donné le nombre de nécessiteux" de
François-René de Chateaubriand.
Tentative poétique d'exprimer ma conviction
politique que l'utopie à venir sera celle qui saura penser dans les arêtes,
entre "forces de la réaction" et "parti du mouvement",
entre tradition et modernité, dans l'espace de synthèse aporétique où renvoient
dos à dos "les extrêmes" qui ne font pas que s'attirer, mais savent
poser les vrais problèmes. L'arête où penser a cet autre avantage de vivre dans
l'attraction phonétique de l'arété grecque, la vertu, qui tenait toujours le
milieu entre deux attitudes également excessives. Ne pas en tirer que le but de
raisonner dans les arêtes soit de trouver une conclusion centriste qui fasse
revivre l'esprit "juste milieu" de la monarchie de juillet ou du
radicalisme français qui n'est radical que par antiphrase ; mais la vertu
poursuivie par la cité antique était l'amitié des citoyens. Or, au travail
politique de penser dans les arêtes, résiste la pression des événements qui
parlent un autre langage, de même qu'aux plans gouvernementaux recensés dans
les "déclarations de politique générale", viennent s'opposer les
faits du "temps médiatique" qui détournent de l'action à long terme,
rendent l'opinion versatile et réclament toutes affaires cessantes une réponse
immédiate. On a beaucoup moqué rousseau pour avoir, au début du "CONTRAT
SOCIAL", pris de la hauteur d'un magistral :
"ecartons
les faits", ceux-là mêmes dont Lénine dira plus tard qu'ils sont têtus.
Têtus ou non, les faits ne sont pas des créatures philosophiques. Ils viennent
contrarier l'exercice de la pensée systématique comme la réalité s'oppose aux
principes. Or est-ce parce que la réalité les rend d'application caduque qu'il
faut renoncer à avoir des principes ? encore, s'agit-il moins d'en avoir
que de trouver les bons !
Allusion au sablier.
(Descartes.)
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