Je n’ai pas encore faim ce soir et c’est usant
D’être épuisé de sentir que l’on n’a pas servi.
Otium, otium, je suis un oisiif
Inutile, évasif.
La fatigue est cette asphyxie qui nous vient en plein bonheur. En plein bonheur de plein air.
L’ennui est la soupape du volcan qui tousse son extinction de voie.
Je rêve éveillé de ne plus rêver endormi.
C’est pourquoi je préfère m’ennuyer sans me taire à m’assoupir sans savoir de quoi je vais rêver.
J’ai tant tenu mes rêves dans la captivité de mon oisiveté que l’histoire m’est passée sous le nez.
Il ne m’est pas arrivé de devenir ce héros viril et puissant, vaillant guerrier des trains en marche. Les miens arrivent toujours à l’heure, mes rêves étant tenus en joue.
Le romanesque s’est englouti dans la fuite de mon imagination dans ma mémoire sans trou d’oubli qui la rendraient plus pardonnable.
L’imagination a des fuites, et c’est dans la mémoire infertile : aucun plombier ne pourra jamais colmater un retour si retors à uneréalité si triviale.
Je ne suis que réminiscence De La lumière qui arrive toujours de ce passé qu’on ne peut pas solder.
La lumière a ouvert en moi l’œil terrible de la lucidité.
La justesse n’est pas la vérité. L’oiseleur captivant ses rêves se donne une consolation débile en croyant savoir faire la part des choses.
La justice est l’idéal d’une geste qui sort de l’enlisement pour ne pas aboutir, tandis qu’est emboutie l’analyse inutile et lucide des faits, dans l’entêtement logique avec lequel ils s'enchaînent pour s'avérer.
La lourdeur de l’ennu s’écroule dans le cul d’un fauteuil de basse fosse de salon sans décor.
Malheur au physionomiste, qui ne grave les traits et ne tire le portrait que pour dévisager.
Depuis le fauteuil de l’ennuyé pris d’un accès de lourdeur, se voient passer les enfants sortant de l’école avec leur voix de vie.
Les voix de vie des enfants qui s’interpellent avertissent le désabusé que l’espoir est dans le cri qui ne réclame pas et ne s’exclame pas pour demander réparation.
Car la peine est sans retour.
Avoir le goût de l’incarcération jusqu’à devenir le geôlier de soi-même est un tour de force qui prouve seulement la cassure d’une vie.
Toute vie est une ligne brisée,, mais l’homme qui sait renoncer à la rectitude prend le tournant pour son allié au lieu de s’en faire un tourment.
Celui qui ne prend pas l’évolution pour une malédiction négocie les tournants en s’agrippant au siège de la sensation qui lui fait prendre de plein fouet la force centrifuge de l’aventure inifugée. L'aventure est une fugue.
Celui qui ne veut pas se consumer par tous les bouts se prive du bonheur de savoir que la nuée crépite.
Les langues de feu de l’unique Esprits s’opposent à l’unique feu des esprits.
Les gins, les arcanes et les entités sont autant de divisions de la lumière contre les splendeurs de l’esprit.
Il faut se redonner le cœur à l’ouvrage de ne pas passer sa vie à des travaux d’aiguille, pour ne pas se croire pris au jeu piégé des cercles concentriques de la mémoire, indépassables comme horizon d’attente, mais désespérants si c’est « LE TEMPS RETROUVE » qui sonne le glas et la fin des combats.
La vie est un combat de "lutte finale" où c'est la mémoire qui brigue la finalité
LE TEMPS RETROUVE" est le solstice des illusions perdues.
A moins que de se retrouver figé au centre de la roue du temps ne soit une manière de reprendre son souffle au cœur de l’éternel.
L'éternel n'est pas un éclair et n'éblouit ni n'élève pas.
En l’éternité, cesse le processus d'élévation et s’accuse l’envol comme le mensonge d’un songe-creux.
Car nous sommes bien au centre de l’illusion qui captive nos rêves et du Mystère de l’Inconditionnel et de l’Inutile, qui convainc notre oisiveté que nous sommes une matière première.
Matière première en captivité, nous pouvons nous suffire à jouir de nous-mêmes ; mais, si nous n’avons pas de partenaires de jeu, quel ennui !
La jouissance ne suffit pas à nous assouvir de ce besoin de l’autre, qui nous poursuit éperdument.
Julien WEINZAEPFLEN
Mulhouse, le 14 janvier 2011
vendredi 14 janvier 2011
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