jeudi 19 avril 2018

LES HUMEURS


Le fantasme est une école de transformation des humeurs.

 

Le fantasme est la sublimation du dégoût comme le goût est la sublimation du désir dont la soif est le féminin, car la soif est l’indispensable de l’insatiable, qui l’un à l’autre sont insupportables.

 

Pourquoi l’enfant a-t-il des dégoûts ? Pourquoi l’enfant ne dégoûte-t-il presque jamais celle qui l’a porté comme il se dégoûte d’elle ? Pourquoi ce que l’enfant a de dégoûtant fait-il le fantasme de sa mère ? Par quel enchaînement d’odeurs ?

 

La puanteur est la projection du dégoût depuis la langue faite pour saliver vers le nez qui prend moins qu’il ne rend.

 

La langue est empêchée de saliver par les dents qui se mettent à puer lorsque l’enfant devient du désir fermenté qui ne se dit ni ne se fait.

 

Le désir dit : « Faire menthe de ce que tu mangeras de l’autre, d’autant que tu ne le sortiras pas. »

Faire menthe ou faire monter, vermouth, frimousse envisagée.

 

Le nez prend ce qu’il peut et rend ce qui pue.

 

L’haleine allaite le velu du fauve au pelage saillant et réchauffe l’air inspiré qu’aucun corps n’avait consolé d’être nu comme l’enfant exhalé est exalté de venir au monde par les auteurs de ses jours sans odeur.

 

Le pue suppure du corps diffamé.

 

L’infection se conçoit de l’inaffectation d’un point auquel on ne fait point d’honneur.

 

L’infection est la maladie des désaffectés.

 

La pudeur est la duperie de la peau inépelée.

 

La puanteur suppure de la peau fermentée comme un désir inassouvi d’être déshabillé.

 

La peau voudrait se purifier en plaie de n’avoir été trouvée au goût d’aucune langue.

 

La pureté n’a de commun avec la pourriture étripée que la certaine âpreté empuantie des deux sourdes dentales aux quarantièmes rugissants de l’ » R » liquide.

 

La pudeur voile l’indécence qui monte en puanteur que voile le parfum qu’exhale la beauté goûtée.

 

Le parfum voise la beauté de la peau apprivoisée.

 

La voix t’apprend le parfum de ton âme. Qui te parle te chante sa voie et te conduit à la suavité de sa voie.

 

Tu as appris une voix quand tu sais te rengorger qu’on te parle de gorge.

 

La voix a été mise en ta poitrine pour ton exaltation. Tu apprends ta voix quand tu la rends agréable à ta poitrine pour que ta pensée thoracique pénètre par des oreilles jusqu’à l’élan d’une foi.

 

Le parfum te fait tourner la tête, reconnaissance de soi choisie pour être reconnue de toi.

 

Le parfum est le sucré que le goût de soi donne à sa peau, car la peau est le secret de l’âme.

 

Autant la voix est le voile alangui de l’impudeur, autant la peau se dérobe au soleil du dévoilement.

 

L’exaltation de la peau par la voix est le vêtement de la chair soupirante dont le sang est la nudité bleue.

 

Autant l’enfant commence de cesser de l’être en découvrant la propreté, autant le commencement de l’amour est le fantasme de donner un goût sublime à la mauvaise odeur parce que le goût est le propre de l’âme.

 

La chair soupire après l’amour.

 

Le propre de l’amour est de trouver le propre de l’autre.


 
                             Claude-Laurent SCHULTZ

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